Rachat de SFR : Free, Bouygues et Orange veulent redessiner la carte des télécoms
Une offre colossale… immédiatement rejetée
Le 14 octobre 2025, les trois géants des télécoms ont officialisé ce que beaucoup pressentaient : une offre non engageante pour le rachat des actifs d’Altice France, maison mère de SFR. Objectif : récupérer les activités stratégiques de l’opérateur en difficulté financière, tout en laissant de côté certaines filiales (Intelcia, XP Fibre, UltraEdge…) et les opérations outre-mer.
Montant de la proposition : 17 milliards d’euros, pour une valorisation totale d’Altice France estimée à plus de 21 milliards. Une somme impressionnante… mais qui n’a pas convaincu Patrick Drahi, le patron d’Altice, qui a immédiatement refusé cette première offre.
Malgré ce rejet, les trois opérateurs maintiennent leur proposition et appellent à un « dialogue constructif ». Pour eux, ce rachat serait un levier pour renforcer l’investissement dans les réseaux, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, tout en assurant la pérennité des infrastructures critiques en France.
Comment Bouygues, Free et Orange comptent se répartir SFR ?
Le projet prévoit une répartition très précise des activités de SFR entre les trois opérateurs, chacun récupérant des briques compatibles avec sa stratégie :
-
🧩 Bouygues Telecom serait le grand gagnant avec 43 % des actifs, en récupérant notamment :
-
une grosse partie du parc client
-
les activités B2B (entreprises)
-
et surtout, le réseau mobile de SFR en zone peu dense, un actif clé pour couvrir le territoire
-
-
🧩 Free (Iliad) obtiendrait 30 %, avec une part du marché grand public et un intérêt marqué pour les services aux professionnels
-
🧩 Orange, déjà dominant, prendrait 27 %, notamment dans les fréquences et infrastructures, mais resterait plus en retrait pour éviter tout blocage réglementaire
Répartition par activité
| Activité | Repreneur principal | Détail |
|---|---|---|
| Grand public (B2C) | Partagée entre les trois | Migration progressive des clients |
| Entreprises (B2B) | Bouygues (majoritairement), Free (partiellement) | Consolidation du marché pro |
| Réseau mobile en zone peu dense | Bouygues | Atout stratégique en couverture nationale |
| Fréquences & infrastructures | Réparties entre les trois |
Suivant les zones, usages et compatibilité |
Les actifs non transférables immédiatement seraient gérés par une société commune transitoire, composée d’équipes SFR, pour assurer la continuité de service et la migration des abonnés.
Un projet sous haute surveillance
Avant d’envisager un accord définitif, plusieurs étapes critiques attendent les parties :
-
🔍 Validation du vendeur (Altice) — toujours en suspens
-
🧾 Audits financiers et opérationnels (due diligence)
-
🗣️ Consultation des instances représentatives du personnel
-
⚖️ Examen par les autorités : ARCEP, Autorité de la concurrence, et potentiellement la Commission européenne
Le retour à un marché à trois opérateurs constitue un tournant majeur. Les régulateurs vont devoir évaluer l’impact sur les consommateurs, sur la concurrence et sur les tarifs. Le gouvernement a déjà annoncé qu’il serait extrêmement vigilant, notamment sur les questions de souveraineté numérique.
Quel impact pour les clients ?
Si l’opération se concrétise, les clients SFR pourraient être migrés progressivement vers les réseaux des trois autres opérateurs. Une société commune temporaire serait créée pour gérer cette phase de transition, avec le soutien des équipes actuelles de SFR.
Rien ne changera dans l’immédiat pour les abonnés, mais à terme, cela pourrait se traduire par :
-
de nouvelles offres commerciales
-
un meilleur accès aux réseaux 5G/THD
-
mais aussi une possible remontée des prix, si la concurrence se réduit réellement
Ce rapprochement à trois marque peut-être la fin d’un cycle initié en 2012 avec l’arrivée de Free Mobile, qui avait cassé les prix et révolutionné le marché. Désormais, les opérateurs misent sur la consolidation, la rentabilité, et la souveraineté technologique, dans un contexte où les investissements réseaux explosent (IA, cloud, cybersécurité…).
Alors que la balle est désormais dans le camp d’Altice, une chose est sûre : le marché français des télécoms est à un tournant historique.
Affaire à suivre !
Si Altice accepte d’entrer en négociations, une offre définitive pourrait être déposée d’ici le printemps 2026. Mais d’ici là, beaucoup de cartes peuvent encore être rebattues.